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Le combat contre le report de l’élection au 15 décembre prochain s’accentue de jour en jour.

Et ‘’Aar Sunu Election’’ qui regroupe en son sein des organisations de la société civile, des mouvements citoyens, des personnalités indépendantes et des ONG, est en colère contre le président Macky Sall qu’il accuse d’avoir perpétré un coup d’Etat constitutionnel en interrompant brutalement le processus électoral en cours.
En conférence de presse, le Professeur Babacar Guèye et Cie n’ont pas mis de gant pour exprimer leur indignation contre la décision prise par le Président Macky Sall de reporter le scrutin et de prolonger son mandat.
Constatant, entre autres, « une violation de l’article 103 de la constitution ; que le Sénégal ne vit aucune crise politique ni institutionnel qui justifie l’arrêt du processus électoral ; le vote sans débats la proposition de loi reportant le scrutin au 15 décembre 2024 », la plateforme ‘’Aar Sunu Election’’ a exigé du Président Macky Sall « le rétablissement » du calendrier républicain, et invité le Conseil constitutionnel et la Cour suprême à « prendre leur responsabilité devant l’histoire en rétablissant immédiatement la légalité constitutionnelle ».
Ont-ils aussi profité de l’occasion, pour «exhorter tous les citoyens concernés par la préservation des acquis démocratiques à «une mobilisation massive pour apporter une réponse populaire ferme sur l’ensemble du territoire nationale et dans la diaspora pour empêcher cette confiscation du pouvoir».
Gayel Babacar Mbaye et Cie ont également invité toutes les sensibilités religieuses du pays à s’approprier du combat pour exiger le retour à la légalité constitutionnelle et le respect du calendrier électoral initial : non sans inviter par ailleurs, toutes les forces vives de la nation ainsi que tous les acteurs à «participer à cette mobilisation populaire pour un sursaut».
Imam Ismaïla Diagne, Secrétaire général de la Ligue des Imams et Prédicateurs du Sénégal :
«Nous emprunterons donc toutes les voies citoyennes pour manifester notre désaccord»
Les imams et prédicateurs du Sénégal ne veulent être en reste dans la lutte contre la «confiscation» du pouvoir. Par le biais de son secrétaire général, la Ligue des imams et prédicateurs du Sénégal (LIPS) a manifesté son adhésion à l’initiative qui vise à « faire entendre raison au chef de l’Etat ».
«Nous ne sommes pas d’accord pour le report de l’élection et le prolongement du mandat. Nous aimons notre pays, le Sénégal, et nous voulons lui garder sa paix et sa stabilité. Nous emprunterons donc toutes les voies citoyennes pour manifester notre désaccord », a-t-il déclaré avant d’appeler toutes les voix audibles à se prononcer pour que l’élection se tienne à bonne date, et permettre au peuple souverain de designer le nouveau président de la République ».
El Hadj Malick Youm, Sg du SAEMS annonce un débrayage à partir de 9 H
Les enseignants entrent dans la danse et menacent de paralyser le système éducatif sur l’étendue du territoire national pour exiger du Président Macky Sall le respect de la légalité constitutionnelle.
«Nous avons décidé, avec les acteurs de la plateforme, de mener un combat d’envergure nationale pour dire ‘’Non’’ à la violation de la charte fondamentale de notre pays », a tonné M. Youm qui a, en la circonstance, appelé les autres syndicats de tous les autres secteurs au front pour, dit-il, lancer un signal fort aux autorités étatiques.
«C’est un combat multisectoriel pour obliger Macky Sall à revenir sur sa décision de respecter le calendrier électoral», a-t-il ajouté avant d’annoncer leur plan d’action qui démarre ce vendredi avec l’arrêt des cours à partir de 10 H dans le moyen-secondaire.
Moundiaye Cissé, secrétaire exécutif de l’ONG : «La réponse, c’est d’aller sur le terrain pour dire ‘’Non ‘’»
Le secrétaire exécutif de l’ONG 3D, au nom des organisations non gouvernementale, s’est réjoui de l’initiative ‘’Aar Sunu Election’’ avant d’affirmer leur adhésion à la lutte. «Chaque composante de cette plateforme pouvait faire une conférence de presse et chacune des conférences serait légitime par rapport au choc violent et brutal que nous avons vécu le samedi. Ensemble, nous serons plus forts. Il faut aller, au-delà de l’indignation, investir le terrain pour dire ‘’NON’’ au putsch constitutionnel», a-t-il indiqué.
Selon M Cissé, «le fichier électoral est d’abord entaché d’irrégularité avec un fichier à problèmes (90 000 électeurs non identifiés), un système de parrainages à problème, une administration aux ordres. Et aujourd’hui, on va vers le report de l’élection. Et ce serait un comble. C’est pourquoi, nous serons sur le terrain pour dire ‘’Non’’ ; invitons toutes les organisations de la société civile y compris celles dans les régions pour un sursaut national».
Cheikh Mbow, Directeur exécutif du COSYDEP : «Nous nous sommes beaucoup investis pour qu’il y ait la paix fondée sur le respect des acquis démocratiques»
Pour le Directeur exécutif de la Coalition des synergies pour la défense de l’Education publique (COSYDEP) , « l’élection n’est pas une question de partis politiques ou de candidat. Elle engage les citoyens, les communautés qui sont d’ailleurs majoritaires et qui ne sont pas forcément des politiques».
«Nous nous sommes beaucoup investis du point de vue humain, matériel et financier pour qu’il y ait la paix ; mais une paix fondée sur les actes de la préservation des acquis démocratiques. Nous espérions que le 25 février serait un jour de fête où les Sénégalais auraient l’opportunité de se décider pour voir à qui confier les destinés de ce pays. Aujourd’hui, nous demandons à ce que cela ne soit pas oubliée», a-t-il regretté.
Selon Cheikh Mbow, les récentes données démographiques ont montré que ¾ des sénégalais sont des jeunes qui ont besoin de recréer l’espoir. « Et justement l’espace des élections était un moment pour pouvoir interagir avec les jeunes et leur faire des offres en termes d’ambitions qui pourraient nous permettre évidemment de dépasser ces différentes crises auxquelles nous sommes confrontés », a-t-il souligné
Avant d’indiquer que la seule demande dans ce contexte, c’est que la tenue de l’élection le 25 février 2024. «Nous pensons qu’il faut aller dans le sens de l’organiser et espérons qu’on ne sera pas obligé de dérouler ce plan d’actions. On espère que les autorités seront à l’écoute de la communauté et qu’elles vont arrêter cette crise déclenchée par le Président de la République qui a brusquement arrêté le processus électoral », dira-t-il.
Sadikh Niass, secrétaire général de la RADDHO, met en garde les forces de l’ordre contre toute répression de manifestants
Quant aux organisations de défense des droits de l’homme, elles ont interpellé les forces de défense et de sécurité sur les répressions de manifestants et exigé le respect de la légalité constitutionnelle.
Sadikh Niass a mis en garde les forces de l’ordre contre toute répression des manifestants. « On est habitué, à chaque fois qu’il y a des mobilisations, de voir des formes de répressions policières qui s’abattent sur les citoyens ; parce que toutes les actions qui ont été déclinées ici sont des actions citoyennes qui s’inscrivent dans le cadre du respect des règles de l’Etat de droit et de la démocratie. Donc, il n’y a pas objet à réprimer violemment ces actions», dira-t-il
Et le droit de l’hommiste de demander solennellement les autorités étatiques d’autoriser la manifestation qui est prévue la semaine prochaine pour, souligne-t-il, permettre aux gens de manifester leur désaccord par rapport à l’annulation de cette élection et exiger le respect du calendrier électoral».
Car, persiste-t-il : «C’est le droit de 18 millions de Sénégalais qui a été violé. C’est pourquoi nous avons adhéré à cette plateforme pour exiger le respect du calendrier électoral»
Professeur Babacar Gueye, constitutionnaliste : «Le Conseil constitutionnel est obligé de se prononcer et il se prononcera»
«Attachés à la République, à l’Etat de droit et à la Démocratie, nous ne pouvons pas accepter que le président de la République viole ces piliers fondamentaux de notre existence commune. Raison pour laquelle nous avons décidé de réagir de la manière la plus ferme pour faire face à l’affront porté contre le peuple sénégalais», a souligné le professeur de Droit constitutionnel. Celui-ci a, par ailleurs, annoncé des actions judiciaires.
Par ailleurs, notre action est prorogée également sur le plan judiciaire, car des recours sont déjà intentés contre le décret et contre la loi. Et je crois que cette fois-ci le Conseil ne pourra pas se déclarer incompétent parce qu’on a touché une question qui entre dans son domaine de compétence» a informé le constitutionnaliste, convaincu que le juge constitutionnel va se déclarer compétent en la matière.
«Dans une décision de 2006, le Conseil a réaffirmé qu’il ne contrôlait pas la constitutionnalité d’une loi constitutionnelle sauf dans deux cas : lorsque la révision constitutionnelle a été adoptée en temps de crise pendant l’application de l’article 52 de la constitution ; c’est-à-dire l’application des pouvoirs exceptionnelles. Là, le Conseil se déclare compètent lorsqu’il y a modification de la constitution», a-t-il rappelé.
«Deuxième exception, d’après le constitutionnaliste, c’est lorsque une disposition intangible de la constitution est modifiée et c’est le cas de l’article 103. Et c’est le cas ici. Donc, le Conseil ne pourra pas se défiler», a-t-il ajouté avant de conclure «le Conseil est obligé de se prononcer et il se prononcera en déclarant cette loi inconstitutionnelle».

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