La période de la CAN achevée, les «déguerpissements» – la destruction des quartiers informels par les autorités – ont repris à un rythme effréné dans la capitale économique. Après une zone du quartier de Yopougon Gesco, c’est le quartier populaire de Boribana qui a été entièrement rasé. Les autorités entendent récupérer des terrains appartenant au domaine public. Si la destruction de ce quartier avait été annoncée, les habitants affirment avoir été surpris par l’arrivée des bulldozers vendredi au petit matin. L’opération laisse près de 30 000 personnes sans solution de relogement. L’opposition, le FPI, et le Conseil national des Droits de l’homme demandent l’arrêt immédiat de ces opérations de déguerpissements.
Des milliers de maisons détruites, et des populations en errance. Après soixante ans d’existence, le quartier de Boribana a entièrement disparu. En fin de journée, vendredi, les bulldozers – protégés par les véhicules de police – ont détruit les derniers bâtiments encore debout. Désormais, un vaste amas de gravas s’étend sur une bande longue de plusieurs centaines de mètres en bordure de lagune.
Cet homme observe le tractopelle qui détruit sous ses yeux, la maison dans laquelle il vivait depuis vingt ans. « C’est un choc ! On en sait pas où aller... »
Pablo Gavi, est « plaquiste », il travaille dans la réparation de téléphone. Il est assis sur un gros ballot blanc dans lequel il a réussit à regrouper quelques affaires malgré les tirs de gaz lacrymogène de la police, visant à éloigner les habitants de leur maison. « Il y a eu beaucoup de blessés, il y a même une personne gravement blessés qui a dû aller à l’hôpital... »
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La nuit dernière, Diara Aboubacar a eu la chance de pouvoir dormir chez un ami, qui réside non loin. Sous l’œil accusateur de supplétifs armés de gourdins, aussi appelés les « loubards », il témoigne : « On a juste demandé de ne pas gazer à cause des enfants et pour sauver un minimum de nos biens, mais malheureusement, on n’a pas été écoutés, on a tout perdu ! »
Cette mère de famille, elle, a passé la nuit sur le boulevard de la Paix avec sa fille, sa sœur et ses neveux et nièces : « On a des enfants et on ne sait pas où aller… Ce n’est pas bon pour le pays… »