Après trois décennies de « dividendes de la paix », l’industrie européenne de la défense s’est révélée en mauvaise posture pour permettre aux pays de l’Union européenne (UE) de fournir à l’Ukraine les systèmes d’armes et les munitions nécessaires. La Commission européenne a présenté, mardi 5 mars, un plan de réindustrialisation destiné à éviter que se reproduise la situation de 2022 et 2023 où, selon elle, 68% des achats effectués par les États européens l’ont été auprès des États-Unis.
Pour la Commission, les Européens doivent être en mesure d’acquérir la moitié des armements nécessaires auprès de leur propre industrie d’ici 2030 avec un programme industriel complet à long terme.
En 2022, les États-Unis dépensaient 250 milliards d’euros de manière centralisée, alors que pour les États européens, le montant s’élevait à 58 milliards d’Euros de manière fragmentée, puisque seuls 18% des investissements de défense sont faits en commun. L’objectif est d’arriver à 35% de marchés publics d’armement effectués en commun dans dix ans.
« Le programme que nous proposons aujourd’hui est doté déjà de 1,5 milliard d’euros, mobilisables pour le soutien aux industries de défense. Les capacités d’utiliser les revenus générés par les actifs gelés russes en Europe nous semblent une très bonne idée pour pouvoir en utiliser un montant qui nous permettrait d’augmenter cette enveloppe. Aujourd’hui, l’augmentation de notre base industrielle de défense, c’est un objectif existentiel », explique Thierry Breton, commissaire européen chargé de l’industrie de défense.
Ce budget initial devrait produire un effet d’entraînement pour les décennies à venir, seul moyen, selon la Commission, pour que l’industrie européenne permettre à l’Union de parvenir à une défense véritablement autonome.