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Crise au Sénégal: l’option d’une libération de l’opposant Ousmane Sonko «est sur la table», selon un facilitateur

Au Sénégal, dix jours après l’annonce par le président Macky Sall de reporter la présidentielle, le mécontentement au sein de la société civile ne faiblit pas. Pour l’heure, pas de signe du président Macky Sall d’une volonté de faire marche arrière par rapport à sa décision de reporter la présidentielle. Mais depuis quelques jours des personnalités de la société civile disent œuvrer à trouver des solutions d’apaisement. C’est le cas de l’architecte et président du club des investisseurs du Sénégal Pierre Goudiaby Atepa qui affirme œuvrer comme facilitateur à la demande du président Macky Sall, il est notre invité au micro de Léa-Lisa Westerhoff.

RFI : Est-ce que vous confirmez que le président Macky Sall vous a mandaté pour rencontrer Ousmane Sonko et aller vers un dialogue ?

Pierre Goudiaby Atepa : Mandater est peut-être un mot trop fort, mais il m’a demandé de faire tout ce que je pouvais faire pour que les Sénégalais puissent se parler entre eux, y compris monsieur Sonko.

Avec quel objectif ?

L’objectif, d’abord, d’un apaisement réel de la situation. Il a appelé à un dialogue, mais bon, le dialogue, ça fait plusieurs fois qu’on parle de dialogue, je parle plutôt de concertation. Et il nous a demandé de voir ce que nous pouvons faire pour réunir les uns et les autres, pour voir comment, en interne, nous pouvons trouver des solutions, qui devraient passer par des dates raisonnables pour tenir des élections.

C’est-à-dire ? Plus tôt que le 15 décembre ?

Je pense que personne n’est d’accord pour le 15 décembre. Je pense, personnellement, que des délais qui nous amèneraient fin mai pourraient être raisonnables. Mais ça, le dialogue devrait, effectivement, nous permettre de trouver une date de consensus.

Ousmane Sonko, pour l’heure, est en prison. Il a été condamné à plus de deux ans de prison. Beaucoup parlent de la possibilité de sa libération, est-ce que vous confirmez que Macky Sall serait d’accord ? Ou que cette option est sur la table aujourd’hui ?

Je sais que l’option est sur la table, bien sûr, il me l’a dit.

Il vous a dit quoi ?

Que l’option est sur la table. Et c’est pour cela qu’il a demandé que les gens se concertent. Seulement, pour cette concertation, il faut de la confiance. Et nous, nous sommes là pour essayer, faire en sorte, que la confiance puisse revenir de part et d’autre.

Est-ce que vous avez rencontré Ousmane Sonko ces derniers jours ?

Oui, plusieurs fois.

Qu’est-ce que vous lui avez dit ?

Je ne peux pas vous dire. Je lui ai dit : « Voilà ce que le président souhaite, il souhaite un climat apaisé, il souhaite, éventuellement, que tout le monde puisse être candidat, y compris vous. Et il faut lui faciliter la tâche. » Il m’a dit : « Écoute, je ne suis pas seul, il faut que je consulte les gens de mon parti. »

Il vous a répondu quoi, exactement, Ousmane Sonko ?

Qu’il faut d’abord qu’on lui donne des gages, qui passent par la libération des prisonniers, j’allais dire, « politiques », qui passent également par des concertations de sa part avec ses militants, ou les gens de son parti, et c’est ce que le président fait également du côté de son parti.

Il s’est dit intéressé à sa possible libération ?

Non, sa libération n’est pas un problème pour lui. Lui, sa préoccupation, ce sont les gens qui ont été abusivement arrêtés et je peux vous dire que le président, là, également, est d’accord, il a décidé de libérer le maximum de gens, et je pense que d’ici quelques jours, il y aura peut-être un millier – je dis bien un millier – de prisonniers qui seront libérés. C’est pour cela, effectivement, qu’il faut du temps, et encore une fois, nous n’avons pas le temps jusqu’au 25 [février] de faire ça, et je souhaite que les uns et les autres soient raisonnables, qu’ils comprennent que nous sommes dans une situation inédite et qu’il faut, peut-être, des compromis sans compromissions. C’est difficile, mais c’est possible.

Que répondez-vous à ceux qui disent : « On veut d’abord la décision du Conseil constitutionnel », puisqu’un recours a été déposé, « on veut un retour à un calendrier électoral raisonnable, ou au moins un calendrier électoral qui respecte la fin du mandat de Macky Sall » ?

[Le calendrier] originel, ce n’est pas possible. Glissé, oui, pourquoi pas. Si pour avoir la paix et pour avoir des élections qui incluent tout le monde, il faut faire une petite glissade, encore une fois, au mois de mai, nous pensons que c’est raisonnable. Mais en tout cas, ce qui est clair, c’est que les Sénégalais veulent la paix, et il ne faudrait pas qu’on s’accroche sur une date qui est là et dont tout le monde sait qu’on ne peut pas la respecter. Donc il faut encore une fois que les uns et les autres mettent un peu d’eau dans leur bissap et moi, je mettrai un peu d’eau dans mon vin.

Vous dites ça, Macky Sall dit la même chose que vous ?

Presque. Il faut d’abord qu’il consulte ses gens, c’est un chef de parti quand même. Il est président de la République, il prend les décisions, mais il ne peut pas les prendre sans concertations. Et encore une fois, le temps est grave. Il y a des gens qui veulent profiter d’une instabilité du Sénégal pour faire de basses besognes.

Qui ça ?

Je ne peux pas vous le dire. Ils se reconnaitront. Donc il faut que les Sénégalais comprennent qu’on n’est pas seuls. Le monde, il est ce qu’il est, il faut donc que nous fassions attention aux décisions que nous allons prendre ces jours-ci.

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