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ASSEMBLÉE NATIONALE : Le budget de 7003,6 milliards de Fcfa adopté

Moustapha Ba : «Le Fmi et la Banque mondiale ne dictent jamais la trajectoire d’un pays»

Le ministre des Finances et du Budget, Moustapha Ba a ouvert samedi, à l’Assemblée nationale, le bal du marathon budgétaire pour l’exercice 2024. Pendant deux semaines, tous les ministres seront soumis à l’épreuve des députés pour l’adoption de leur budget.

Le Sénégal franchit un nouveau cap en droite ligne avec la dynamique de progression budgétaire enclenchée depuis 2012. Avec les projections sur les res‐ sources pétrolières et gazière attendues au premier semes‐ tre de l’année prochaine et qui devraient avoir un impact significatif sur la croissance, le budget de l’exercice en cours est projeté à 7 003,6 milliards de Fcfa contre 6440,5 mil‐ liards en 2023 soit une aug‐ mentation de 592,1 milliards en valeur absolue et 9,2% en valeur relative. Comparé à l’année 2012 au moment de la prise du pouvoir de Macky Sall avec un budget de 2344,8 milliards voté en 2011, c’est 298% de hausse en 12 ans ce qui prouve, sans nul doute, le signe d’un pays qui avance, selon le ministre des Finances et du Budget.

Un seuil jamais atteint mais qui a suscité plusieurs interrogations notamment de la part  des députés de l’opposition dont Ayib Daffé, Birame Soulèye Diop, Bassirou Goudiaby et Dr Ibrahima Diallo de Pastef qui sont revenus sur le service de la dette, la masse  salariale et les subventions.

Adopté samedi à la majorité (90 députés ont voté pour, 32 contre et 10 abstentions), ce projet de loi de finances de l’année 2024 repose essen‐ tiellement sur le cadrage ma‐ croéconomique de 2023‐2024 et met en exergue la pour‐ suite de la mise œuvre du Pse notamment sa phase II du Pap 2A. Ministre des Finances et du Budget, Mouhamadou Moustapha Ba qui est venu défendre ce projet du bud‐ get, a indiqué qu’il été exécuté dans un contexte international particulier mar‐ qué par l’avènement de la Covid‐19 et de la crise entre la Russie et l’Ukraine avec en corollaire des tensions sur les échanges extérieurs de cer‐ tains produits et un relèvement conséquent des cours des matières premières de base et des niveaux des prix intérieurs. Toutefois, le Séné‐ gal s’est bien sorti. Tous les cli‐ gnotants au vert, il a, à plusieurs reprises, reçu des fé‐ licitations des institutions fi‐ nancières internationales pour la bonne tenue des fi‐ nances publiques. Pas suffi‐ sant pour les députés de l’opposition. Selon Ayib Daffé, le gouvernement du Sénégal doit donner aux populations les véritables chiffres et ces‐ ser de les leurrer. «Monsieur le ministre, dites la vérité aux Sénégalais sur le vrai chiffre du budget. Monsieur le mi‐ nistre donnez les bons chif‐ fres au Sénégalais. Il faut leur dire que les 1200 milliards ajoutés au budget sont pour l’amortissement de la dette. Ce qui est une violation de la loi de finances organique. Il faut rétablir les vrais chiffres  et dire la vérité aux Sénéga‐ lais», a lancé le député de Pastef rejoint par son col‐ lègue, Dr Ibrahima Diallo.

A Seydou Diouf, le député de Sédhiou dira : «C’est complètement faux de dire qu’on a respecté la loi organique.

C’est archi‐faux. Ce n’est pas parce que vous êtes le prési‐ dent de la commission des fi‐ nances que vous êtes autorisé à dire n’importe quoi. On doit rétablir les véri‐ tables chiffres et dire la vérité aux sénégalais». Le passage du ministre des Finances et du Budget n’a pas été un long fleuve tran‐ quille. Moustapha Ba le reconnaît. Un véritable débat de fond l’a opposé aux députés de l’opposition aguerris sur des questions économiques et de finance.

Selon eux, l’amortissement de la dette qui relève du tableau de financement, ne peut être intégré dans le tableau équi‐ libre de la loi de finance. «Je le savais. Je me suis préparé. Et je m’attendais à cela. Je sa‐ vais que des esprits pou‐ vaient contester ces chiffres. Et certains vous diront que le budget n’est que de 5578 milliards. En vérité, le budget de 2000 était de 831 milliards. Celui de 2012, était de 2344,8 milliards. C’est la même mé‐ thode comptable qui est uti‐ lisée pour pouvoir affirmer que le budget de 2024 est de 7000 milliards.

Ce qui nous le fait dire, nous l’avons indiqué dans le document que par souci de transparence et de comparabilité, de 1960 à maintenant, nous utilisons la même méthode comptable de loi du 15 octobre 2001. Par contre, à partir de 2020, est entrée en vigueur la loi 2020‐ 07 du 26 février 2020 qui n’in‐ tègre pas dans la budgétisa‐ tion des ressources de trésorerie tel que l’amortisse‐ ment de la dette. Depuis cette année, les budgets sous l’emprise de cette loi, n’intègrent pas les res‐ sources de trésorerie de l’amortissement de la dette. Pour des soucis de compati‐ bilité de l’indépendance à maintenant, parce que si on utilisait effectivement cette loi, on devrait, chaque année jusqu’en 1960, enlever l’amortissement de la dette.

On ne dirait pas qu’en 2000, le budget était de 831 mil‐ liards ni de 2344,8 milliards en 2012 et en 2024, de 7000 milliards», a réagi le ministre des Finances et du Budget aux interpellations des dépu‐ tés de l’opposition tandis que du côté de la majorité parlementaire, l’heure est à la glorification d’un chiffre record du budget du Sénégal pour une croissance tirant vers les deux chiffres. . Certes, le budget semble colossal eu égard aux perspectives macroéconomiques du pays dans les prochains mois et années, mais le service de la dette inquiète. En effet, sans se dérober, le ministre des Finances et du Budget, Moustapha Ba a confié que pour l’année 2024, le Sénégal aura à payer 578,3 milliards de dettes. Les charges finan‐ cières de la dette compor‐ tant les intérêts et les commissions. «C’est une hausse de 36% par rapport en 2023.

C’est énorme. Nous ne cherchons pas à le nier », admet‐il. Cependant, affirme‐ t‐il, l’essentiel est de com‐ prendre ce qui l’explique. A l’en croire, pour lutter contre l’inflation, la Banque centrale a augmenté ses taux direc‐ teurs 4 fois cette année. La dernière en date, c’est en septembre dernier. «Il y a eu un resserrement de la poli‐ tique monétaire. La Banque centrale fait finalement comme toutes les autres banques de sorte que le taux  des obligations au Sénégal est 7,01% comparativement au passé, il y a une hausse de 163 points», a expliqué Mous‐ tapha Ba. Malgré tout, dit‐il, le Sénégal continue à présen‐ ter un profil de risques de surendettement modéré. «C’est le Fmi qui le dit après une analyse de viabilité de la dette du Sénégal compte tenu des indicateurs de viabi‐ lité de la dette et de liquidité respectés par le Sénégal. Sur les 55 pays en Afrique, 15 pays sont en risque de suren‐ dettement modéré dont le Sénégal». En revanche, afin d’éviter tout amalgame, le ministre des Finances et du Budget a tenu à préciser contrairement à ce qui est avancé et véhiculé : «Le ser‐ vice de la dette pour 2024 n’est pas de plus de 2000 mil‐ liards. Mais 1826,5 milliards. Il suffit d’additionner les charges financières de la dette et l’amortissement de la dette pour trouver exacte‐ ment, un service de la dette au titre de l’année 2024 de 1826,5 milliards».

Masse salariale

Sur la masse salariale des agents de la fonction pu‐ blique, le ministre des Fi‐ nances et du Budget a souligné qu’il ne pouvait en être autrement tant il y a eu d’énormes recrutements et la hausse des salaires à tous les niveaux. «Elle a été assu‐ mée par le gouvernement. De 95 773 en 2012, les agents publics de l’administration passent au stade où nous sommes à 175 334. C’est 79 551 postes budgétaires créés. Il y a des recrutements mas‐ sifs de jeunes dans la fonc‐ tion publique. Le salaire moyen en 2012 était de 378 751 francs Cfa et passe à 586 283 mille aujourd’hui soit une hausse de 55%. Cela veut dire que le renforcement du pou‐ voir d’achat des agents de la Fonction publique est une réalité sous le magistère de Macky Sall. Les augmenta‐ tions de salaire ont coûté quasiment 161,557 milliards en 2022 tandis qu’en 2011, c’est 41,744 milliards, en 2021, c’est 75 milliards, 92,846 mil‐ liards en 2022 et 2023, c’est 104,096 milliards que le Tré‐ sor sort tous les mois pour payer les salaires», a‐t‐il indi‐ qué. A ce titre, 41,1% des recettes fiscales de l’Etat sont destinés au paiement des sa‐ laires soit 8,3% du Pib.

Gaston Mansaly

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