Le Conseil présidentiel de transition, qui dirige le pays depuis plus d’un mois, a choisi mardi 28 mai à l’unanimité Garry Conille pour devenir le prochain Premier ministre intérimaire. Il l’a emporté face à quatre autres candidats. Actuel directeur régional du Fonds des Nations unies pour l’enfance pour l’Amérique latine et les Caraïbes depuis janvier 2023, Garry Conille est un ancien Premier ministre sous la présidence de Michel Martelly. Il doit maintenant nommer un gouvernement de transition. Entretien avec le politologue haïtien Jacques Nesi, membre du Laboratoire caribéen de sciences sociales.
Garry Conille est un expert de longue date des Nations unies en matière de développement. Il a aussi été l’un des principaux collaborateurs de l’ancien président américain Bill Clinton après le tremblement de terre dévastateur d’Haïti en 2010. Peut-on voir dans sa nomination le choix des États-Unis ?
Jacques Nési : C’est très clair pour deux raisons. Premièrement, on sait très bien que même l’intrusion du Kenya dans l’espace politique haïtien à travers le déploiement d’une force internationale est une idée des États-Unis. Deuxièmement, Garry Conille est aussi un ancien fonctionnaire des Nations unies. Il a déjà été Premier ministre sous Michel Martelly entre 2011 et 2012. On peut donc comprendre que cela a été un choix délibéré imposé par les États-Unis. Cela peut être utile pour Haïti dans la mesure où l’on voit bien que le Conseil présidentiel a beaucoup de difficultés à entrer dans le costume présidentiel, entre les luttes internes et la tentation d’accumuler des ressources pour la préparation des prochaines élections. Garry Conille sera donc l’homme d’orchestre qui va gérer cela. On peut dès lors penser que l’international aurait d’abord fait confiance à quelqu’un du sérail et qui vient des États-Unis et comprendrait mieux les relations entre Haïti et les autres acteurs internationaux.