Le projet américain de résolution sur un cessez-le-feu immédiat à Gaza a été rejeté vendredi 22 mars par le Conseil de sécurité des Nations unies en raison des vetos de la Russie et de la Chine. Si les précédentes résolutions du même type ont toutes été rejetées, en raison du veto américain, cette fois-ci, le texte a été proposé par les États-Unis eux-mêmes. Et c’est un changement particulièrement notable.
La décision américaine a été annoncée au moment où le secrétaire d’État a entamé une tournée arabe au cours de laquelle il a rencontré les chefs d’État d’Arabie saoudite et d’Égypte. Au Caire, Antony Blinken s’est aussi réuni avec les ministres des Affaires étrangères d’Égypte et du Qatar, les deux médiateurs entre Israël et le Hamas, ainsi que les chefs de diplomatie de Jordanie, d’Arabie, des Émirats et un haut responsable de l’OLP. Le message du secrétaire d’État américain est on ne peut plus clair. Une offensive terrestre à Rafah est inutile et serait une erreur.
De son côté, Benyamin Netanyahu rejette les pressions internationales et rétorque qu’une telle opération est indispensable pour vaincre le Hamas. Et qu’Israël la mènera quoiqu’il advienne, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Les relations entre Israël et les États-Unis sont au plus bas depuis le début de la guerre. Avec un changement de ton radical de la part de Washington.
Si la Russie et la Chine ont mis leur véto vendredi 22 mars soulignant la « nécessité » d’un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza, l’ambassadeur russe dénonçant un texte « hypocrite » qui n’appelle pas directement à faire taire les armes, le projet de résolution américaine a insisté sur la « nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable » en lien avec la libération des otages. Ce projet a recueilli 11 voix en faveur, trois voix contre (Russie, Chine et Algérie) et une abstention (Guyana).
Ce timing vise avant tout à montrer que Washington prenait en considération le monde arabe, et plus important encore, de récupérer le vote des arabo-musulmans de l’État charnière du Michigan. Ce swing State, lors des élections présidentielles, pourrait aller à Donald Trump, du fait du mécontentement de l’importante communauté arabo-musulmane, à cause de la politique de l’administration du président Joe Biden sur Gaza.