Les principales ONG suédoises œuvrant pour la paix et le désarmement perdent leurs financements publics, au lendemain de l’adhésion de la Suède dans l’Otan. Le gouvernement de droite, soutenu par l’extrême droite, met ainsi sous silence les critiques de ces organisations pacifistes centenaires, très respectées pour leur contribution au débat démocratique en Suède.
Avec l’adhésion de la Suède à l’Otan et la remilitarisation à marche forcée du pays nordique, les arguments anti-Otan deviennent de plus en plus inaudibles.
« Il est clair que le gouvernement actuel ne veut pas soutenir le débat d’opinion sur les questions internationales, la police et la sécurité, ici en Suède » analyse Malin Nilsson, secrétaire générale de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (IKFF), une organisation fondée en 1919 qui a perdu l’équivalent de 50% de son budget. Jusqu’à aujourd’hui, quels que soient les partis au pouvoir, la subvention n’avait jamais été remise en cause. « L’État suédois a toujours considéré qu’il était de son devoir de soutenir la société civile, la formation de l’opinion et le débat d’idées pour faire vivre la démocratie. »
D’autant que le total du montant des aides aux 18 organisations pour la paix en Suède s’élève à seulement 20 millions de couronnes (environ 1,8 million d’euros). Soit une goutte d’eau par rapport aux 10 milliards d’euros que la Suède va dépenser pour sa défense cette année.
Même si plus de 60% des Suédois sont favorables à l’entrée de leur pays dans l’Otan, les ONG regrettent qu’il n’y ait pas eu de débat de fond, depuis deux ans, sur les conséquences et le prix à payer pour faire partie de l’Alliance :
« Depuis deux ans, les voix critiques à l’Otan et les débats de fond n’ont eu que très peu de place sur les plateaux de télévision et dans les médias », relate Linda Åkerström, chef de plaidoyer à Svenska Fred, la Société suédoise pour la paix et l’arbitrage, la plus vieille organisation suédoise pour le désarmement (1883). « On a dû faire des compromis avec nos valeurs pour obtenir l’accord de la Turquie et de la Hongrie. On a perdu une part de notre souveraineté en signant un accord de défense avec les États-Unis. Et même maintenant qu’on est membres de l’Alliance, on ne sait toujours pas si les conscrits seront envoyés dans des missions pour l’Otan. Rien n’est discuté. »